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Par Gérard FOLLET |
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Jouer sur une guitare que l’on a fabriquée soi même… C’est possible et passionnant si l’on fait preuve de patience et de persévérance. Bien entendu si l’on ne possède aucune notion de travail du bois ainsi que les outils spécifiques utilisés, cela s’avère problématique ! Mais à tout problème il existe une solution… La solution se trouve à Mulhouse au centre socio-culturel Jean Wagner où l’atelier menuiserie propose une activité lutherie mise en place et animée par le menuisier du centre, lui-même musicien……. Sous sa direction, son savoir faire dans le travail du bois et ses compétences musicales, nous sommes quelques passionnés(ées) à nous être lancés dans cette aventure…
Comme base de travail nous utilisons l’ouvrage de référence suivant : « La fabrication des guitares classiques » de ‘Roy Courtnall’, édition H.VIAL Cette rubrique a pour but de vous tenir informé des différentes étapes de progression de mon propre instrument, commencé il y a quelques temps déjà….ce sera bien entendu une guitare classique. A noter que d’autres genres de guitares sont aussi en cours de réalisation, une folk type Takamine et une électrique type Fender strato… Il serait difficile de détailler point par point toutes les opérations effectuées pour la construction de cette guitare, néanmoins je m’efforcerai d’être aussi clair que possible dans la rédaction des articles. Pour ceux qui désirent en savoir plus, ils peuvent se référer au livre cité plus haut…
La guitare classique est construite suivant la méthode dite ‘espagnole’, cette méthode consiste à travailler ‘librement’ en montant les composants sur une plateforme de montage appelée SOLERA
La partie large de la plateforme a été légèrement creusée de manière à ce que la table posée face en bas prenne une forme galbée. Un certain nombre de blocs de bois individuels sont placés aux endroits stratégiques pour aider à positionner les éclisses avec précision .Les rainures permettent aux blocs supports d’éclisses d’être rapidement mis en place et de les positionner exactement sur le profil extérieur de la guitare.
(Solera avec ses blocs supports d'éclisses) La plateforme est faite en contreplaqué ou aggloméré d’une épaisseur de l’ordre de 20 mm. Une scie à ruban est utilisée pour découper le profil et différents repaires sont tracés dont l’axe central. La surface est ensuite enduite d’une couche de vernis et polie pour obtenir une surface parfaitement lisse. La table :
En épicéa, est faite en deux moitiés appairées qui doivent être collées pour former une seule pièce. L’épaisseur est de l’ordre de ~ 3 mm. Les deux moitiés de la table sont légèrement décalées de manière à visualiser l’axe. La rosace est incrustée, on enlève donc le bois superflu, la gorge sera de 1,2 mm de profondeur, là aussi des outils spécifiques sont utilisés. La table sera ensuite découpée à sa forme extérieure, les renforts ou barrages seront posés ultérieurement…. Le manche et la tête:
( placage en palissandre )
En cèdre, la tête est faite en sciant une petite longueur et en la retournant pour obtenir l’angle désiré pour la cassure des cordes, le collage se fait à l’aide de serre-joints . Un placage en palissandre est aussi collé sur la tête. Le traçage et le perçage de la tête sont réalisés, la forme est terminée à la lime…..
PS : A la suite d’une remarque concernant la table, il est à préciser que les deux moitiés sont collées et légèrement décalées pour visualiser l’axe , elles ne se chevauchent pas mais collées bord à bord !!! Il est vrai que la photo peut laisser un doute…….
Le manche et son talon
Le bloc talon collé au manche est maintenant découpé à la scie pour retirer le bois superflu, c’est une découpe délicate à réaliser, il s’agit de suivre correctement le tracé préalablement repéré au crayon…
la finition est faite au racloir. Les entailles sur le talon sont les rainures d’éclisses pour leur positionnement et leur maintien
Le manche est solidement maintenu dans l’étau pour cette opération…
Le profil du talon est réalisé à la scie à ruban et au ciseau à bois pour sculpter la courbure…
Le barrage et la table
Il s’agit de renforcer la table et de répartir les vibrations crées par les cordes, le système consiste en une série de barres généralement disposées en éventail, elles sont chargées de fortifier la grande surface de bois. Il existe une grande diversité d’approche des systèmes de barrages suivant le timbre que l’on désire donner à l’instrument…chaque luthier à sa propre approche….il n’a cependant pas été prouvé qu’un système serait meilleur qu’un autre…. Pour ma part j’ai opté pour le barrage utilisé par Antonio de Torrès.
Barrage utilisé par Antonio de Torrès.
La table est maintenue dans la soléra par un écrou au niveau de la rosace et par des blocs supports d’éclisses, le bois utilisé pour les barres de renfort est de l’épicéa, après leur découpe à la dimension voulue, elles sont collées et maintenues appuyées par des poids.
sur la photo le barrage est caché par ces poids….
Voici le détail du barrage une fois collé, on arrondira les arrêtes et on les ‘soignera’ de manière à obtenir une vue de l’ensemble agréable…..
Le manche est collé sur la table, tenu fermement avec un serre joint,le tasseau est aussi fixé, c'est un petit bloc de bois qui permet de coller la partie inférieur des éclisses.
Découpe d'une rosace Les éclisses
En érable, elles sont appairées, préparées aux dimensions voulues, rabotées, misent à épaisseur .... Ensuite on passe au cintrage, le bois utilisé pour les éclisses possède de grandes qualités élastiques lorsqu'on le chauffe. Une méthode consiste à les plonger dans l'eau très chaude pendant plusieurs minutes et ensuite à les cintrer sous pression pour les conformer au bon profil.Une autre méthode consiste à les tremper peu de temps et à les cintrer sur un fer chauffé. Les éclisses sont fixées dans un gabarit à la forme de la guitare, de cette façon elles garderont leurs formes jusqu'à leur utilisation. Une fois formées les éclisses seront positionnées sur la table, les blocs support d'éclisses et les presses à tabler sont utilisés pour assurer que le tracé de la forme extérieure est respectée. Après quelques réajustements nécessaires on préparera les contre éclisses sur lesquelles seront collées table et fond.
Le fond Egalement en érable, comme la table en deux moitiés appairées, collées. Des barres de renforts sont aussi collées sur le fond pour la consolidation de l'ensemble, de plus il sera légèrement bombé.
Contre éclisses Elles sont collées aux bord et sur la face intérieure des éclisses, ensuite la table et le fond sont collés dessus et le tout est maintenu fortement par des presses à tabler
Les filets On réalise une feuillure sur le pourtour de la guitare, coté table et coté dos, ensuite on colle le filet dans la feuillure , on utilise un ruban adhésif pour maintenir le filet en place le temps du collage….
Les filets utilisés sont en palissandre, pour éviter qu’ils cassent lors de leur positionnement on les trempent un instant dans l’eau et on les chauffe au fer à cintrer.
La touche. C’est certainement la pièce de la guitare qui concerne le plus le guitariste, elle doit être lisse de manière que les doigts de l’instrumentiste se déplacent facilement… Le bois utilisé est de l’ébène ,bois dur et de couleur noire. La touche est préparée à son épaisseur et forme finales avant d’être collée sur le manche. Ensuite on réalise des rainures pour incruster les frettes qui sont disposées suivant un calcul précis pour obtenir une juste intonation,
elles sont mises en place à l’aide d’un marteau ou bien pressées au serre joint,
on coupe l’excédent de fil de frette de chaque coté du manche ,les deux extrémités de chaque frette doivent être biseautées et arrondies à la lime…
Le chevalet en palissandre est travaillé pour obtenir sa forme définitive , percé de trous pour le passage des cordes avec une rainure pour le sillet, il sera ensuite collé et pressé pendant plusieurs jours pour avoir un collage parfait. Il doit être placé à une distance adéquate pour la justesse de l’instrument……..
On aura aussi terminé l’arrondi du manche , lime et papier de verre… Placage palissandre pour la tête…
Mise en place du sillet de tête et celui du chevalet… Montage des mécaniques et premier essai à « blanc »…. Avec un jeu de cordes neuves ! Quelques petits problèmes de frise à certains endroits qui seront résolus avec une lime à frettes ( travail délicat) Vernissage,
C’est l’étape finale, le vernis protège le bois et révèle toute sa beauté…A l’huile, à l’alcool ou vernis moderne, il y a le choix. On peut vernir soit au pinceau soit au tampon. Dans les deux cas il faut passer une première couche, laisser sécher ,poncer très légèrement, puis recommencer jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant, il faut vernir mais pas trop, les qualités vibratoires de la table en seraient altérées….
Je tiens à remercier Mr Christophe Cailleux pour la création de cet atelier lutherie et ses nombreuses compétences dans différents domaines, notamment le travail du bois ……sans lui cette guitare n’aurait pas vu le jour….
Gérard FOLLET
Qelques photos de la réalisation d'une guitare électrique de type stratocaster.
Le défonçage du corps
Avec la paque !
Le manche made in US
La Strat terminée...Jolie non ?
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